Je ne sais pas encore si vous avez pu vous en rendre compte, mais il y a quelques années je suis tombée amoureuse d'une ville appelée Montmartre que j'ai la chance d'habiter. Ici toutes les rues sont chargées d'histoire, à chaque coin de rue peut surgir un mystérieux chat noir où un fantôme du Paris des années 1800... La nature a gardé ses droits, les maisons ont des jardins, on cultive des vignes, on se perd dans les rues pavées. J'aime grimper sur la butte et capturer les jolies vues que nous offre chaque nouvelle saison, et j'ai décidé de partager avec vous mes promenades, et ce que j'ai appris sur mon quartier.
Aujourd'hui je vous emmène rue Saint-Vincent, en passant par la rue des Saules. Pour vous y rendre en sortant du métro Lamarck-Caulaincourt, il vous suffit de monter les escaliers au-dessus du métro et de traverser la route, vous croiserez alors la rue des Saules.
En haut des premiers escaliers de la rue des Saules, vous vous retrouvez face au célèbre cabaret le Lapin Agile. Célèbre cabaret créé dans les années 1880, il fut fréquenté par Apollinaire, Renoir, Verlaine, Clémenceau, Caran d'Ache... Sur la façade trônait un tableau sur bois réalisé par Osterling d'après une toile d'André Gill représentant un lapin. Le lapin à Gill est donc tout naturellement devenu Le Lapin Agile quelques années plus tard.
Juste après le Lapin Agile, vous croisez la rue Saint-Vincent, depuis laquelle vous découvrez un beau point de vue sur les fameuses vignes de Montmartre. Il y avait autrefois une dizaine de vignes dans Montmartre, toutes détenues par les abbesses, mais face à la concurrence des vins de Loire et de Bourgogne, elles ont disparu au XIXème siècle. Les vignes du Clos Montmartre que l'on voit rue Saint-Vincent ont été plantées en 1933, date de la première fête des vendanges. Pour la petite histoire, le vin de Montmartre est élaboré dans les caves de la mairie du XVIIIème et l'argent récolté par la vente des bouteilles et reversé à des oeuvres sociales.
Enfin, si vous grimpez plus haut dans la rue des Saules, vous croiserez la Maison Rose, rendue célèbre par un tableau d'Utrillo. Je vous laisse avec les paroles de la chanson de Bruant évoquant la rue Saint-Vincent, dont je vous avais déjà parlé ici, et je vous dis à très bientôt pour une nouvelle promenade dans Montmartre !
Elle avait sous sa toque de martre,
sur la butte Montmartre,
un p'tit air innocent.
On l'appelait rose, elle était belle,
a' sentait bon la fleur nouvelle,
rue Saint-Vincent. (...)
A' travaillait déjà pour vivre
et les soirs de givre,
dans l'froid noir et glaçant,
son p'tit fichu sur les épaules,
a' rentrait par la rue des Saules,
rue Saint-Vincent.
Elle voyait dans les nuit gelées,
la nappe étoilée,
et la lune en croissant
qui brillait, blanche et fatidique
sur la p'tite croix d'la basilique,
rue Saint-Vincent.
L'été, par les chauds crépuscules,
a rencontré Jules,
qu'était si caressant,
qu'a' restait la soirée entière,
avec lui près du vieux cimetière,
rue Saint-Vincent. (...)
Elle avait une belle toque de martre,
sur la butte Montmartre,
un p'tit air innocent.
On l'appelait rose, elle était belle,
a' sentait bon la fleur nouvelle,
rue Saint-Vincent
Aristide Bruant
