Comme pour Daniel Pennac, dont je vous ai parlé il y a quelques temps, j'ai toujours aimé la poésie de Jacques Prévert, découverte à l'école et dans divers ouvrages à destination des enfants. Récemment, à la recherche de poésies pour ma classe, je me suis replongée dans
Paroles. J'ai alors réalisé à quel point la poésie de Prévert était empreinte de surréalisme, tout autant que les oeuvres de Raymond Queneau, qui pour moi était jusqu'alors l'exemple même de la poésie surréaliste. Et c'est en visionnant un superbe documentaire sur Prévert que j'ai découvert que ce poète, qui était aussi scénariste, fut également un réel créateur d'images. D'abord dans les scénarios des films auxquels il a participé (j'ai été fasciné par celui des
Enfants du Paradis qu'il a illustré), puis dans des collages.
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Scénario illustré des Enfants du Paradis, par Jacques Prévert |
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Premier collage de Jacques Prévert, Portrait de Janine, 1943. |
Dans les collages de Jacques Prévert, on retrouve son humour et son côté surréaliste, le tout en couleurs. Pour les réaliser, il utilisait des photographies de ses proches (comme pour son premier collage où il a utilisé une photo de sa femme Janine en train de danser), puis de ses amis photographes : Brassaï, Dora Maar, Edouard Boubat, Robert Doisneau, Willy Ronis... sur lesquelles il collait des illustrations trouvées un peu partout, des anciennes librairies aux bouquinistes des quais de Seine. Le but de sa démarche était de détourner les images initiales en ajoutant une touche d'humour, touche artistique qui nous fera toujours nous interroger, ou parfois simplement sourire. Ce travail renvoie à la démarche poétique de Prévert, notamment à celle de son recueil
Fatras, dans lequel il avait compilé des extraits d'articles de journaux étonnants, parfois choquants, ou juste amusants. Ces collages, il ne les gardait pas pour lui, ils étaient pour la plupart des cadeaux destinés à ses amis, à son entourage.
“Le mot image veut dire ce qu’il veut dire, ce qu’on lui fait dire, aussi bien ce que les gens ont appelé une métaphore : c’est un mot un peu drôle, un peu savant, comme une figure ou un visage de rhétorique, toutes ces choses ont des noms ! Mais du moment qu’on écrit avec de l’encre ou un crayon, on peut faire des images aussi, surtout comme moi, quand on ne sait pas dessiner, on peut faire des images avec de la colle et des ciseaux, et c’est pareil qu’un texte, ça dit la même chose”
Jacques Prévert.
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Les garçons de la rue - Collage de Jacques Prévert sur une photo de R. Doisneau |
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